domingo, 20 de janeiro de 2013

L' impossible détachement ( O desapego impossível)

.Comment le réalisateur d’American History X a mis 13 ans pour revenir au cinéma

L' impossible détachement ( O desapego impossível )


Bonjour, mes chers et grands amis ! Je viens de voir ici chez moi un très bon film ... mais américain...: en anglais Detachment, en portugais O substituto.
Observons bien qu'en français, le mot détachement ( desapego ) peut être une forme de voir les choses avec du recul , sans tomber dans toute forme de sentimentalisme,
on peut parler d’une certaine forme de froideur , de rigidité, mais aussi la situation d'un fonctionnaire affecté à un autre service temporairement. Les deux sens conviennent au titre.
Le titre en portugais est plus pauvre. Oui, beaucoup plus pauvre. Vous allez me  comprendre. Je vais vous expliquer. Le personnage d'Adrien Brody ( excellent, après Le pianiste, il est dans son meilleur rôle), qui s'appelle Henry Barthes ( certainement un hommage à Roland Barthes, maitre des maitres) un professeur remplaçant qui ne réussit pas émotionnellement à accepter un poste de prof définitif. C'est un très bon prof mais il a des empêchements personnels.
Je suis encore sous l'émotion du film.Je vous le recommande vivement. C'est sur l'éducation moderne, les problèmes, les défis, l'attention portée aux élèves, le respect...
Le scénario du film se base sur des recherches sérieuses puisque le scénariste, Carl Lund,est lui-même enseignant.
Bien, continuons.Henry Barthes est un professeur remplaçant. Il est affecté pendant un mois dans un lycée très difficile de la banlieue new-yorkaise. Alors qu'il s'efforce de toujours prendre ses distances, Barthes va voir sa vie bouleversée par son passage dans cet établissement...
Ce n'est pas léger comme film, c'est un film douloureux.
Pourquoi ?
Parce que c'est de nous qu'il parle, de la société actuelle, pleine de violence , de la société de consommation , de la société du no limit, de l'enfant-roi abandonné à ses pulsions les plus viscérales, de la civilisation occidentale vidée de toute forme, même primaire, de civilité... Ce film nous parle sans détours, sans équivoques, sans longueurs, sans médiation, à l'image de la brutalité contemporaine, d'une époque vile, encore phallocratique, consumériste, pornographique, laide par bien des aspects.  Le détachement, c'est ce qui reste comme ultime ressource à ce professeur qui n'a pas grand chose à professer, ni devant ses élèves presque analphabètes, grossiers, sauvages même, ni devant leurs parents. En effet, ceux-ci ont bel et bien déserté le monde institutionnel, celui du devoir, celui qui les eut obligé jadis à éduquer, et non à délaisser leur progéniture. Exactement, c’est de notre triste et décevante réalité qu’on parle dans ce film. Les parents, là-bas comme ici, s’esquivent de leur devoir. Les conséquences sont là dans nos salles de classe, dans la rue, dans la politique, partout.
Parce que la conscience peut parfois remplir, un peu, le vide de l’existence... Il faut absolument voir ce très beau film, si juste, si pudique dans sa sincérité crue.
Je crois que ce film nous concerne  tous. Il y a beaucoup de choses en jeu. Même si j'ai été d'accord avec le professeur Henry Barthes/Adrien Brody, je suis sûre qu'il pourrait faire mieux. C'est la difficulté des personnes qui ont du mal à embrasser, à serrer dans leurs bras les gens qui en ont besoin. C'est sûr que ce n'est pas pour tous les cas, non, pas du tout. Avec d'autres, on doit être ferme, bien énergique, inflexible même, pour maintenir l'ordre, le respect.
Notre époque ne valorise plus l'éducation, méprise l'autorité, rit des pouvoirs publics, s'amuse du formalisme. C'est dur d'être prof dans certaines communautés. Cependant, on n'abandonne pas !
Non, non, pas du tout, pourquoi ?
Parce que c'est notre mission. Former, éduquer, instruire, aider, écouter, être attentionné.
Mais, Angela, et leur famille ? Malheureusement, je remarque de plus en plus  l'éloignement, le j'en foutisme des parents. Très désolant. Simplement, la majorité ne veut pas savoir ce qui se passe chez leurs enfants.Ils oublient qu'être père et mère, c'est pour la vie !! Et nous, quand on observe un élève qui a besoin d'une parole, d'une écoute attentive, il faut le faire !!
C'est solitaire la vie du prof. Eh, oui.
Même quand on discute avec des collègues ( malheureusement, très peu ) qui pensent comme le personnage principal: ON DOIT COMME PROFESSEUR FAIRE LA DIFFÉRENCE.
Et quand on ne fait pas, c'est la frustration complète. C'est dur.
C'est un film très riche en discussions. On pourrait rester ici pendant des heures en parlant
-de la jeune prostituée,
-de la fille un peu grosse qui écoute des horreurs de son père à la maison et de ses copains en classe ( le professeur essaie de l'aider, mais il fait peu, il ne peut pas imaginer son immense tristesse. Remarquez bien ce que je vous dis: Le manque que crée l’absence d’un bras  !! Ce geste si simple et en même temps si expressif, si éloquent; Barthes l’a repoussée par peur, peut-être de ce que quelqu’un  pourrait penser à tort s’il le voyait en train de serrer la pauvre fille),
-du professeur de musique qui est invisible pas seulement en classe ( c'est torturant), il l'est aussi chez lui ( choquant),
-du grand-père de Barthes qui est sa seule famille et qui meurt  peu à peu à l'hôpital. Il y a là un secret vraiment triste et répugnant même, le grand-père qui est vraiment son  père...ai ai ai ...sa mère qui se suicide...la porte de la chambre du petit Henri devrait être toujours fermée le soir ...
Le titre du film peut s'expliquer de plusieurs manières. Le premier sens, il est remplaçant, c’est vrai.  Toutefois, nous savons que ce que le professeur veut, c'est ne plus s'attacher à quiconque dans la vie, il ne veut pas/plus de sentiment durable pour quelqu’un. Les 2 personnes ( mère et grand-père) qu'il a aimées dans sa vie l'ont profondément déçu. Alors, plus jamais d'affection, d'amitié, d'amour, d'attache, d'intimité...enfin, plus jamais de sentiment, de tendresse envers quelqu'un d'autre.
On pourrait juger cette attitude en disant qu’Henry Barthes était égoïste, individualiste. Mais, je pars du principe qu’on ne doit juger personne.
Heureusement, la fin nous donne un espoir. Dieu merci.
Enfin, mes amours, regardez-le, réfléchissez bien et écrivez-moi, j'aimerais bien connaitre votre opinion.
Voilà le morceau de la nouvelle d'Edgar Allan Poe, La chute de la maison
Usher, lu par Henry comme exemple de la  pression qu'on doit supporter toute la journée:
"Pendant toute la journée d’automne, journée fuligineuse,
sombre et muette, où les nuages pesaient lourd et bas dans

le ciel, j’avais traversé seul et à cheval une étendue de
pays singulièrement lugubre et, enfin, comme les ombres
du soir approchaient, je me trouvai en vue de la
mélancolique Maison Usher. Je ne sais comment cela se
fit, mais, au premier coup d’oeil que je jetai sur le
bâtiment, un sentiment d’insupportable tristesse pénétra
mon âme. "
Notre film commence avec cette phrase d'Albert Camus dans L’Étranger:
«Jamais je n’ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde »
Comme vous le voyez, quand un film même étranger commence par Camus, on peut le regarder  en sachant qu’on va voir quelque chose de bon.
Il y a un vrai bonheur à partager certaines réalisations.
Surtout, surtout partager avec vous, mes amis !!

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