L'
impossible détachement ( O desapego impossível )
Bonjour, mes chers et grands amis ! Je viens de voir ici
chez moi un très bon film ... mais américain...: en anglais Detachment,
en portugais O substituto.
Observons
bien qu'en français, le mot détachement (
desapego ) peut être une forme de voir les choses avec du recul , sans tomber
dans toute forme de sentimentalisme,
on
peut parler d’une certaine forme de froideur , de rigidité, mais aussi la
situation d'un fonctionnaire affecté à un autre service temporairement. Les
deux sens conviennent au titre.
Le
titre en portugais est plus pauvre. Oui, beaucoup plus pauvre. Vous allez
me comprendre. Je vais vous expliquer.
Le personnage d'Adrien Brody ( excellent, après Le pianiste, il est dans son
meilleur rôle), qui s'appelle Henry Barthes ( certainement un hommage à Roland
Barthes, maitre des maitres) un professeur remplaçant qui ne réussit pas
émotionnellement à accepter un poste de prof définitif. C'est un très bon prof
mais il a des empêchements personnels.
Je suis encore sous l'émotion du film.Je vous le
recommande vivement. C'est sur l'éducation moderne, les problèmes, les défis,
l'attention portée aux élèves, le respect...
Le
scénario du film se base sur des recherches sérieuses puisque le scénariste,
Carl Lund,est lui-même enseignant.
Bien, continuons.Henry Barthes est un professeur
remplaçant. Il est affecté pendant un mois dans un lycée très difficile de la
banlieue new-yorkaise. Alors qu'il s'efforce de toujours prendre ses distances,
Barthes va voir sa vie bouleversée par son passage dans cet établissement...
Ce n'est pas léger comme film, c'est un film
douloureux.
Pourquoi
?
Parce
que c'est de nous qu'il parle, de la société actuelle, pleine de violence , de
la société de consommation , de la société du no limit, de l'enfant-roi
abandonné à ses pulsions les plus viscérales, de la civilisation occidentale
vidée de toute forme, même primaire, de civilité... Ce film nous parle sans
détours, sans équivoques, sans longueurs, sans médiation, à l'image de la
brutalité contemporaine, d'une époque vile, encore phallocratique,
consumériste, pornographique, laide par bien des aspects. Le détachement,
c'est ce qui reste comme ultime ressource à ce professeur qui n'a pas grand
chose à professer, ni devant ses élèves presque analphabètes, grossiers,
sauvages même, ni devant leurs parents. En effet, ceux-ci ont bel et bien
déserté le monde institutionnel, celui du devoir, celui qui les eut obligé
jadis à éduquer, et non à délaisser leur progéniture. Exactement, c’est de
notre triste et décevante réalité qu’on parle dans ce film. Les parents, là-bas
comme ici, s’esquivent de leur devoir. Les conséquences sont là dans nos salles
de classe, dans la rue, dans la politique, partout.
Parce
que la conscience peut parfois remplir, un peu, le vide de l’existence... Il
faut absolument voir ce très beau film, si juste, si pudique dans sa sincérité
crue.
Je
crois que ce film nous concerne tous. Il y a beaucoup de choses en jeu.
Même si j'ai été d'accord avec le professeur Henry Barthes/Adrien Brody, je
suis sûre qu'il pourrait faire mieux. C'est la difficulté des personnes qui ont
du mal à embrasser, à serrer dans leurs bras les gens qui en ont besoin. C'est sûr que ce n'est pas pour tous les cas, non, pas du tout. Avec
d'autres, on doit être ferme, bien énergique, inflexible même, pour maintenir
l'ordre, le respect.
Notre époque ne valorise plus l'éducation, méprise
l'autorité, rit des pouvoirs publics, s'amuse du formalisme. C'est dur d'être
prof dans certaines communautés. Cependant, on n'abandonne pas !
Non, non, pas du tout, pourquoi ?
Parce
que c'est notre mission. Former, éduquer,
instruire, aider, écouter, être attentionné.
Mais, Angela, et leur famille ? Malheureusement, je
remarque de plus en plus l'éloignement, le j'en foutisme des parents.
Très désolant. Simplement, la majorité ne veut pas savoir ce qui se passe chez
leurs enfants.Ils oublient qu'être père et mère, c'est pour la vie !! Et nous,
quand on observe un élève qui a besoin d'une parole, d'une écoute attentive, il
faut le faire !!
C'est solitaire la vie du prof. Eh, oui.
Même quand on discute avec des collègues (
malheureusement, très peu ) qui pensent comme le personnage principal: ON DOIT
COMME PROFESSEUR FAIRE LA DIFFÉRENCE.
Et quand on ne fait pas, c'est la frustration
complète. C'est dur.
C'est un film très riche en discussions. On pourrait
rester ici pendant des heures en parlant
-de
la jeune prostituée,
-de
la fille un peu grosse qui écoute des horreurs de son père à la maison et de
ses copains en classe ( le professeur essaie de l'aider, mais il fait peu, il
ne peut pas imaginer son immense tristesse. Remarquez bien ce que je vous dis:
Le manque que crée l’absence d’un bras !! Ce geste si simple et en même
temps si expressif, si éloquent; Barthes l’a repoussée par peur, peut-être de
ce que quelqu’un pourrait penser à tort s’il le voyait en train de serrer
la pauvre fille),
-du
professeur de musique qui est invisible pas seulement en classe ( c'est torturant),
il l'est aussi chez lui ( choquant),
-du
grand-père de Barthes qui est sa seule famille et qui meurt peu à peu à
l'hôpital. Il y a là un secret vraiment triste et répugnant même, le grand-père
qui est vraiment son père...ai ai ai ...sa mère qui se suicide...la porte
de la chambre du petit Henri devrait être toujours fermée le soir ...
Le
titre du film peut s'expliquer de plusieurs manières. Le
premier sens, il est remplaçant, c’est vrai. Toutefois, nous savons que
ce que le professeur veut, c'est ne plus s'attacher à quiconque dans la vie, il
ne veut pas/plus de sentiment durable pour quelqu’un. Les 2 personnes ( mère et
grand-père) qu'il a aimées dans sa vie l'ont profondément déçu. Alors, plus
jamais d'affection, d'amitié, d'amour, d'attache, d'intimité...enfin, plus
jamais de sentiment, de tendresse envers quelqu'un d'autre.
On pourrait juger cette attitude en disant qu’Henry
Barthes était égoïste, individualiste. Mais, je pars du principe qu’on ne doit
juger personne.
Heureusement, la fin nous donne un espoir. Dieu merci.
Enfin, mes amours, regardez-le, réfléchissez bien et
écrivez-moi, j'aimerais bien connaitre votre opinion.
Voilà
le morceau de la nouvelle d'Edgar Allan Poe, La chute de la maison
Usher,
lu par Henry comme exemple de la pression qu'on doit supporter toute la
journée:
"Pendant toute la journée
d’automne, journée fuligineuse,
sombre
et muette, où les nuages pesaient lourd et bas dans
pays
singulièrement lugubre et, enfin, comme les ombres
du
soir approchaient, je me trouvai en vue de la
mélancolique
Maison Usher. Je ne sais comment cela se
fit, mais, au premier coup d’oeil
que je jetai sur le
bâtiment, un sentiment
d’insupportable tristesse pénétra
mon âme. "
Notre film commence avec cette phrase d'Albert Camus
dans L’Étranger:
«Jamais
je n’ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence
au monde »
Comme
vous le voyez, quand un film même étranger commence par Camus, on peut le
regarder en sachant qu’on va voir quelque chose de bon.
Il
y a un vrai bonheur à partager certaines réalisations.
Surtout,
surtout partager avec vous, mes amis !!
Nenhum comentário:
Postar um comentário