terça-feira, 16 de abril de 2013

Thérèse: le poison intérieur ou le mariage sans musique


Samedi, 23 mars, je suis allée avec mes élèves de mon Français 1 au cinéma pour voir Thérèse Desqueyroux  avec Audrey Tautou et Gilles Lelouche. Tous les deux excellents dans leurs rôles, ainsi que tous les autres acteurs.
J’avais lu ce roman de François Mauriac ( 1885-1970) quand j’étais jeune et belle à l’Alliance Française. Thérèse Desqueyroux est une parution de 1927. En 1950, il est  inclus dans la liste du Grand Prix des meilleurs romans du demi-siècle. Après tout ce temps écoulé, je peux vous dire que mon regard n’a pas changé. Je n’aime pas du tout Thérèse même si je comprends sa gêne, sa frustration comme fille d’un père absent d’abord, et après comme femme de Bernard. Mauriac s'est inspiré pour l'histoire de Thérèse Desqueyroux de celle d'Henriette Canaby qui a été accusée en 1905 d'avoir voulu empoisonner son mari Émile Canaby, courtier en vins bordelais alors endetté. Elle a été condamnée pour  usage de fausses ordonnances. L'accusation de tentative d'empoisonnement rejetée, son mari témoignant en sa faveur pour sauver les apparences de ce couple de la bourgeoisie bordelaise. Ce qui arrive dans le film.
Dans les Landes ( Aquitaine), on arrange les mariages pour réunir les terrains et allier les familles. Thérèse Laroque devient madame Desqueyroux. Mais cette jeune femme aux idées avant-gardistes ne respecte pas les conventions ancrées dans la région. Pour se libérer du destin qu'on lui impose, elle tentera tout pour vivre pleinement sa vie. Y inclus la turpitude de l’empoisonnement de son mari.
On est transporté dans l'epoque et la société de 1928. Ce désolant spectacle de la bourgeoisie provinciale, mis en scène avec une inégale inspiration, est le dernier mis en scène par Claude Miller mort em 2012.
Si l’on essaie de comprendre Thérèse,  ( c’est ce que je fais avec vous) il faut remonter à l’origine. Elle n’a jamais connu sa mère, morte au moment de lui donner le jour.
Mes amis, quand je pense à Thérèse  je pense à Emma Bovary. Roman de Gustave Flaubert paru en  1857 et où je trouve beaucoup de coïncidences. Emma, comme Thèrèse, ne se rend pas tout de suite compte de la médiocrité de son mari, espérant et croyant avoir trouvé le bonheur dont elle avait toujours rêvé. Emma et Thérèse  sont le contraire des pauvres Charles et Bernard qui ne se doutent de rien, car ils croient avoir trouvé le bonheur de leur vie.  Toutes les deux n’ont pas cette bénédiction de l’amour maternel et prennent  leurs distances des deux petites filles Berthe ( Emma) et Marie ( Thérèse ). Cela nous montre très bien leur caractère : elles sont  très égoïstes et ne pensent qu’ à elles-mêmes. Elle ne font rien pendant toute la journée, elle pourraient garder les enfants. Une importante différence entre les deux:
Thérèse se méfie de la sexualité, de l’attirance sensuelle et idéalisée pour l’autre sexe. Elle ne croit pas au bonheur et à l’épanouissement dans le couple. Ses études au lycée l’ont orientée vers un réalisme pessimiste . Anne, sa belle-soeur,( avec qui elle avait  de beaux liens amicaux depuis petites), au contraire, a découvert chez les religieuses ce qu’était l’attirance amoureuse. Thérèse envie les élans de sa jeune amie, mais au même moment la juge futile. Thérèse, comme Emma, n’ayant pas été une  épouse comblée, ne peut se montrer une mère véritablement aimante. Leur maternité, celle de Thèrèse et celle d’Emma, renforce leur sentiment d’être prisonnières et attise les critiques de leur entourage. 
Thérèse, comme Emma, se veut un esprit émancipé. Contrairement aux usages de son époque et de son milieu, elle s’est cultivée. Elle dépasse son mari en intelligence, en finesse au point d’intimider, de décontenancer cet homme sûr de lui. En femme émancipée, elle pratique l’usage de la cigarette. Ce comportement heurte les conventions de son milieu : elle va contre les attitudes attendues d’une femme bien élevée, ensuite elle se comporte dangereusement dans un environnement très inflammable ; même si elle veille à écraser ses mégots. Attitude qu’elle a eu au début de sa relation avec Bernard. Néanmoins, plus tard, elle rêve que c’est elle qui va mettre du feu dans la forêt de pins !! Thérèse continue d’être une femme perdue, s’avançant vers un destin inconnu, certes en apparence libérée des contraintes sociales de son milieu, mais en aucun cas libérée de sa nature rebelle, impulsive et blessée, sachant ce qu’elle ne veut pas ou ne veut plus, mais ignorant ce qu’elle désire réellement.

Paris, la grande ville, l’attire comme le symbole de la vie libre que mène Jean ( le jeune homme  qui a fait découvrir à Anne les vraies  délices des caresses amoureuses), ville où vivent et travaillent les intellectuels, où l’on peut consommer à la terrasse des cafés, être anonyme dans la foule. Et alors ? Et sa fille qu’elle a laissée derrière elle, certes bien chouchoutée par sa belle famille, mais quand même !!
C’est vrai qu’on pense comme une femme du XXIe siècle, mais ce qui m’agace chez Thérèse, c’est sa blessante froideur, son immense manque de sensibilité. Et Tautou a été vraiment bien ( quelquefois je pense même que l’actrice est comme ça…) Toutes les fois où son mari se plaint de quelque malaise, simplement elle s’en fiche. Quand sa petite fille pleure, c’est la même chose. Et penser à empoisonner son mari pour être enfin libre, c’est trop, à mon avis. Au moins, Emma Bovary a décidé pour son propre suicide. Le fait est que les deux femmes n’avaient vraiment pas à quoi penser, trop de temps libre, dans le cas de Thèrèse trop d’argent, alors, quand on  n’a pas vraiment de choses importantes à faire, quand on fait le choix de culpabiliser l’autre pour ses propres mésaventures, c’est signe d’un sale caractère. C’est un personnage déconcertant et repoussant pour le moins qu'on puisse dire.

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