sexta-feira, 19 de julho de 2013

"La lutte des classes est de retour au Brésil ?"

La lutte de classes de retour au Brésil ?

La présidente brésilienne, Dilma Rousseff a reçu, mercredi 26 juin à Brasilia, les dirigeants des centrales syndicales, qui ont convoqué une journée nationale de grève pour le 11 juillet. Depuis deux semaines, les Brésiliens manifestent contre la corruption, la hausse des prix et la mauvaise qualité des transports, ainsi que contre la médiocrité des services publics (santé et éducation notamment).
Les syndicats ajoutent à ces griefs l’inflation et la perte du pouvoir d’achat, la précarisation des salariés, les retraites et la durée hebdomadaire du travail. A la réunion avec la présidente étaient présentes la Centrale unique des travailleurs (CUT, proche du Parti des travailleurs fondé par l’ancien président et syndicaliste Luiz Inacio Lula da Silva), la Centrale des travailleurs et travailleuses du Brésil (CTB), l’Union générale des travailleurs (UGT), la Nouvelle centrale syndicale de travailleurs (NCST), la Force syndicale, la Centrale générale des travailleurs du Brésil (CGTB), la CSP Conlutas et la Centrale des syndicats brésiliens (CSB).
La division du syndicalisme brésilien explique la morosité avec laquelle les centrales ont réagi aux manifestations, dont l’essor remonte au 13 juin. Près d’un mois plus tard, elles tenteront donc de montrer qu’elles sont capables de surmonter leurs divergences et d’organiser ensemble une journée d’action.
S’il ne s’agit pas d’un simple baroud d’honneur, le mouvement de protestation pourrait changer de nature. D’abord, parce qu’il gagnerait en structuration, alors qu’il a été jusqu’à présent largement spontané et improvisé par le biais des réseaux sociaux. Mais surtout, parce qu’il élargirait le mouvement vers les gros bataillons de salariés du privé et du public, dont les revendications immédiates ne sauraient se contenter de mesures à moyen et à long terme, tels que les investissements en santé et en éducation.
La bureaucratisation et la fragmentation des syndicats
Le recul déjà annoncé sur les augmentations des prix des transports publics déséquilibre les comptes des municipalités et des Etats fédérés. Toutefois, la satisfaction des revendications syndicales obligerait le gouvernement à revoir les délicats équilibres de sa politique économique, juste à un moment où la croissance faiblit. La pression de la rue l’obligerait par exemple à modifier une fiscalité régressive, qui taxe fortement les pauvres (par la TVA), les salariés, les classes moyennes, les PME, tandis que les banques et la bourse font des profits records.
Jusqu’à présent, les créations d’emploi, la hausse du salaire réel, la redistribution du revenu national grâce aux programmes sociaux comme la « Bourse famille », avaient suffi à assurer une relative paix sociale. Avec l’arrivée de l’ancien dirigeant des métallurgistes Lula à la présidence de la République, une partie des syndicalistes ont été cooptés par le gouvernement.
La mutation du syndicalisme s’est accompagnée d’une forte bureaucratisation, mais aussi d’une fragmentation inédite. Or, à partir du moment où les salariés descendent dans la rue, qui dit division dit aussi concurrence et surenchère pour ne pas être dépassé par les événements. Les dirigeants, c’est bien connu, doivent marcher à la tête des manifestations, s’ils ne veulent pas que les manifestants défilent avec la tête des dirigeants…
La CUT, liée au PT, ne saurait donc rester en marge. Quitte à rajouter encore un peu plus de pression sur la présidente Dilma Rousseff, qui peine à reprendre la main. Et dont la méthode trop gestionnaire, technocratique, est désormais ouvertement critiquée par des élus du PT. Le souhait d’un retour de Lula à l’occasion de la présidentielle de 2014 s’exprime de plus en plus ouvertement.

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